13.05.09 > 21.06.09
FR : Depuis la fin des années 1990, Isabelle Hayeur réalise des panoramas photographiques laissant transparaître une critique singulière du paysage anthropique nord-américain. Ses travaux représentent des endroits où se mettent en place les enjeux d'un aménagement tels les territoires en lotissement et autres transformations à la périphérie des villes, les terrains vagues, les zones naturelles en exploitation, les lieux désenchantés et insolites. Les paysages très réalistes de l'artiste sont toutefois en partie factices parce que fabriqués au moyen de différentes sources. Tel un peintre, Isabelle Hayeur retouche des paysages existants, utilise des fragments d'images de provenance et de temporalité diverses et effectue avec doigté un déplacement de sens, construisant ainsi des endroits très étranges, à la limite du vraisemblable. Les sites inconnus, ou inconnaissables, qu'elle construit en fondant différents lieux en un seul présentent des failles qui attirent l'attention sur notre rapport à l'environnement, sur la transformation et l'évolution de la ville, des strates de son histoire, son insertion dans le paysage ou encore sur les diverses façons de l'habiter. Son plus récent projet Formes de monuments (2008-2009) réalisé à Bruxelles s'inscrit dans cette démarche. Juxtaposant des chancres urbains à la statutaire publique, ces nouvelles compositions montrent métaphoriquement les mutations de la ville et la cohabitation difficile entre l'urbanisme standardisé et l'identité culturelle. Il en résulte des images à la fois séduisantes et inquiétantes, qui se situent entre le site dévasté et le lieu commémoratif d'une société passée.